Un océan et ses
courants
Le mot «courant» s' utilise mieux au pluriel. Parler «des
courants » va nous inscrire dans un schéma de compréhension des petits courants
qui vont vraiment nous influencer plutôt que de nous rendre érudits, à savoir
courants de marée, courants de pente et de dérive mais aussi courants côtiers
et de rivage.
La terre est un équilibre des matières et des forces qui
interagissent et sont inséparables même si elles s’opposent. La réponse au
dilemme de la poule et de l’oeuf ne serait donc pas soit l’œuf soit la poule...
Les courants généraux ou océaniques
Contrairement à l'onde de marée qui est générée par des
forces verticales, les courants correspondent à des mouvements d'eau
horizontaux, ce qui ne veut pas dire que courants et marées sont indépendants.
Les courants de densité
Ce sont des courants qui parcourent des milliers de kilomètres. Ils se
créent suivant le principe de convection et sont soumis à la force de Coriolis.
La force de Coriolis porte le nom du physicien qui l’a découverte. Cette force
est une conséquence de la rotation de le terre, elle dévie les grandes masses
d’air ou d’eau en mouvement qui vont avoir tendance à s’enrouler telles les
nuages d’un cyclone ou l’eau d’un tourbillon.
Les courants de pente
et les courants de fond
Plus complexes, ces courants sont liés au niveau de la mer.
Contrairement aux apparences, la mer n’est ni plate ni horizontale. Le vent et
les pressions creusent la surface de la mer, le courant de pente sera celui qui
va tenter de rétablir une surface plane. Cependant son action se situe dans les
profondeurs. il « aplanit par le fond ».
La force de Coriolis produit aussi un courant de fond mais moins important ce
qui complexifie un peu plus le modèle physique. D’ailleurs, il semble que ce
courant contribuerait au transport sédimentaire et au modelage du rivage.
Les courants de
marées
Ils sont alternatifs et assez violents en tourbillonnant
parfois dans les embouchures. C’est par exemple celui qui porte au nord-est à
10 milles de Penmarch. Dans les profondeurs inférieures à 10 mètres, le frottement
avec le sol va générer des phénomènes particuliers dont certains seront
présentés par la suite.
Les courants de
surface sont des masses d’eau mises en mouvement sous l’influence du
soleil. En se réchauffant de façons différentes à cause des salinités
différentes, elles vont former des courants chauds ou froids. Le Gulf Stream
qui est un courant chaud de l’atlantique va générer avec la force de Coriolis
un courant froid dit phénomène d’Upwelling. Plus localement ce sont les
phénomènes de courants qui sont proches des embouchures de fleuves et qui nous
intéresseront plus.
Les courants de dérive, ou ondes capillaires sont
occasionnels car ils sont liés aux conditions météo, notamment au vent. En
atlantique ce sont les Alizés. Ils peuvent aller plus vite que le vent à raison
de 3% à 6% et par conséquent leur présence dans une zone non ventée peut
annoncer une dépression. Ces courants peuvent rencontrer les courants de marée
et ainsi en augmenter les effets ou au
contraire les diminuer. Les ondes capillaires sont plus petites et rapides et
peuvent contrarier les ondes principales.
Le courant côtier ou
courant de rivage
Le courant côtier (ou transformation du courant de marée)
est un courant très varié qui est influencé par les reliefs côtiers ou
sous-marins, voire les courants d'estuaires qui viennent s'associer. La vitesse
du courant peut augmenter à partir d’un rétrécissement comme dans un chenal ou
encore à proximité d’une pointe. Il peut changer de direction quand il
contourne un cap ou une île. Ils sont indiqués sur les cartes marines en
lettres capitales. Ces dernières nous renvoient à des tableaux dans la marge de
la carte pour nous donner le sens à certaines heures et des vitesses maximums.
Il est possible de les retrouver aussi dans un livre édité par SHOM qui va les
retracer sur des cartes.
Les courants de
littoral
Lorsque la profondeur diminue et que les vagues arrivent au
bord en biais, elles vont générer une instabilité hydrographique. Celle-ci se
traduit par la création d’un courant parallèle au rivage dit courant de
littoral. Ils sont également formés par le déferlement des vagues.
Les courants dus aux
vagues
C’est la résonance,
la réfraction de la vague sur le rivage qui génère des courants horizontaux et
dans le même sens que sa propagation. La théorie veut aussi qu’ils contribuent
à la formation du courant de fond qui se forme en sens inverse. Ils participent
donc au courant de littoral quand ils l’abordent de biais.
Les courants de
retour
Dans le cas où les vagues butent sur une surface, comme un
rocher, elles vont le chevaucher en déferlant puis résonner sur la rive en
formant un courant de littoral. Mais ensuite la masse d’eau déplacée va
repartir vers le large sous forme de veine d’eau dit courant de retour. Les
Anglais le nomment « rip-current » Dans ce cas l’estran forme une succession de
méandres ou de sillons creusés à chaque extrémité des surfaces de butée qui
sont parcourues par le courant de retour. Dans le cas ou les courants forment de
lignes de friction, il peut apparaître une différence de hauteur d’eau. On
pense alors voir une vague. A l’aval de cette veine d’eau, la force s’épuise au
fur et à mesure qu’elle rejoint le large. Ce phénomène ne laisse pas indemnes
les plages de sable qui sont vite façonnées et prennent des reliefs très
particuliers si l’on veut bien y prêter attention.
Remarque : Cette
dynamique des fluides est une généralité à toutes les échelles. Elle fournira
des modèles physiques pour des phénomènes s’étendant sur des dizaines voir de
milliers de mètre carrés aussi bien que dans une dizaine de mètre carrés sous
nos yeux.
Repérer le courant
Près du rivage de nombreux moyens peuvent indiquer de façon
locale les courants en présence. Ils deviennent visibles par l'intermédiaire
des reliefs de l’eau à la surface, mais l’apprentissage de cette lecture
demande un travail d’observation qu’un stage en eau vive peut faciliter.
L’orientation d’éléments ancrés au fond mais souples comme les algues peuvent
signaler sa présence, mais également l'inclinaison des bouées et l’orientation
des bateaux au mouillage.
Remarque : En cas
de vent, l’orientation des bouées et des bateaux indiquera la direction de la
somme vectorielle du courant et du vent.
D’autres mouvements
d’eau sur des sites particuliers
Environnement : ils se rencontrent au niveau des estuaires
ou les vastes échancrures de la côte, un
golf, une baie, d'une zone humide. Entre deux bassins reliés entre eux par une
zone étroite, une inertie va se générer dans les déplacements de l’eau.
Les courants dans un
rétrécissement ou dans des vases
communiquants
Observation :
Comme une bouteille qui se vide, il faudra un certain temps à une baie
présentant un rétrécissement à l’entrée pour évacuer l’eau de marée haute!
La marée descendante va créer une différence de niveau, le
poids de l’eau qui est dans la baie en amont du rétrécissement va créer la
poussée vers l’aval et former une veine d’eau. Plus la poche d'eau est
importante et plus l'entrée est petite, plus les courants sont forts.
Au niveau du rétrécissement, la différence de niveau d'eau
forme une marche qui oriente les filets d'eau vers le bas. Ceux-ci vont ensuite
rebondir contre le fond donnant naissance à une vague. Si le rétrécissement est
faible il n'y a pas de vague, le courant est lisse, s’il est très fort, une
vague forte, comme la barre d’Étel se formera. Dans le sens du courant la vague
peut être franchissable « à fond la caisse » et boum dans la barre (demandez à
Alain Bombard), à contre courant, ça peut être impossible.
Remarque : Au cap Horn, les marées décalées entre
l’Atlantique le Pacifique provoquent une barre qui est un vrai mur d’eau. Si
vous le passez alors vous deviendrez un cap Hornier et vous aurez le droit de
pisser au vent.
Remarque :
Certains courants importants sont mentionnés sur les cartes
marines par des flèches représentatives de leur direction avec indication de
leurs vitesses caractéristiques et des cartouches descriptifs autour de la
carte.
Les cartes de courants éditées pour certaines portions de
côtes son plus détaillées. Elles présentent les systèmes de courants heure par
heure par des nappes de flèches d’épaisseur variable permettant de se faire une
idée global du régime de courants de la zone en un coup d’oeil, chaque flèche
accompagnée de deux chiffres de vitesse, au dessus la valeur par vives eaux
moyennes (coéf 95) et en dessous par mortes eaux moyennes (coéf 45).
La veine d’eau
C’est la partie visible en surface du système de courants
qui est en forme de « V » en vue de dessus. (Voir la description des vagues
statiques dans le § « Repérer les vagues ». On en rencontre beaucoup dans les
estuaires, souvent favorables à l’apprentissage de la navigation dans les
courants et de la glisse.
Le contre courant
: Orienté à l’inverse du courant principal, créé le long du courant par la
dépression en aval d’une île, derrière une presqu’île, une digue, un rocher, l’
eau va « boucher les vides », son remplissage se fait plutôt par l'aval de la
veine en mouvements tournants vers l’amont et l’extérieur de la veine. Souvent
très vastes, ils permettent de se reposer ou de remonter vers l’amont. Près de
l'obstacle, les forces sont plus puissantes et l'on voie assez bien la
direction des filets d'eau qui orientent les algues de rivage. Plus bas, sur
l'espace le plus large du contre courant, les limites avec le courant sont
moins distinctes, la surface de l'eau est assez lisse et y apparaît de façon
régulière des nappes.
Les zones de
cisaillement et les lignes de cisaillement
Phénomènes créés par la friction de deux courants qui se
rencontrent ou se frottent. Entre le courant et le « contre » les mouvements
d’eaux forment une surface triangulaire, la zone de cisaillement. Si en amont
les lignes de cisaillement sont larges de quelques centimètres, en aval la zone
de cisaillement peut faire une vingtaine de mètres de large, elles se confond
ensuite avec le contre courant et le courant lisse. En amont elle pourra être
constituée de marmites, de vortex, de tourbillons, de mousses, plus en aval
elles forme des nappes à la juxtaposition desquelles apparaissent des lignes de
cisaillement secondaires.
Remarque :
plus allongées que larges, les lignes de friction se rencontrent au croisement
de deux courants qui finissent par se rejoindre, par exemple en aval d'un îlot
ou entre des marmites, des tourbillons, des nappes ou encore entre marmite et
nappe etc.…
Les tourbillons La friction entre courants parallèles de
sens inverse déclenchent parfois un mouvement tournant appelé vortex ou
tourbillon entraînant l’eau de surface à s’évacuer par le fond.
Les nappes et les marmites sont des éruptions d'eau dues à
des résonances subaquatiques comme le rebond de l’énergie du tourbillon.
Tous ces phénomènes sont observables depuis un pont sur une
rivière à fort débit, à proximité des piles de pont.
Si elles sont situées dans les zones de cisaillement, les
marmites sont plutôt en aval des tourbillons. Dans certain cas on peut aussi
les voir en amont d'une ligne de cisaillement quand les courants sont presque
parallèles comme par exemple en aval d'une île ou d'une veine d'eau rabattue
sur un côté par un obstacle.
Les nappes et les marmites naissent du fond de l'eau par une
poussée verticale. Quand l'eau atteint la surface, celle-ci se répand ce qui
crée des déplacements de force partant du centre. Certaines sont assez plates
et de surface lisse, ce sont les nappes. D'autres plus excitées peuvent
vraiment se soulever, émergeant en bulles et bouillonnements d’eau sur
plusieurs centimètres de haut. Si elles apparaissent spontanément et
disparaissent à l'instant suivant, ce sont des marmites.
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