Lecture et
interprétation du milieu marin
Des informations de
type relatif
Les kayakistes disent qu'ils « lisent l’eau », c'est la
formule qui associe des estimations à partir de différents repères. L'eau est
considérée comme un milieu instable et incertain. Si nos connaissances sont
vérifiées par l’expérience, elles doivent être remises en cause en permanence
pour faire évoluer nos choix en prévision de l’instant suivant. L’expérience
est souvent l'outil essentiel pour naviguer, permettant de faire plus rapidement
de meilleurs choix. On pourra en profiter pour s’intéresser à autre chose comme
le paysage ou la « gouère » du voisin.
Le vent dans le
paysage
Si le vent fait partie de la météo, les bulletins le
traitent de façon globale. Fortement influencés, les kayakistes doivent essayer
de le connaître un peu plus localement.
Présentation : Il est facile de se rendre compte par son
touché sur le visage quand il est fort ou doux, stable ou instable en
direction, régulier ou en rafales. S'il est à basse altitude, il dévie quand il
rencontre un obstacle. Ce dernier créant un espace abrité, ou plutôt déventé,
un courant d'air en sens inverse s’installe derrière l’obstacle suivant à peu
près le même modèle que le contre-courant par rapport au courant.
Dans une zone bousculée par le vent certains disent qu’il y
a de « la piolle dehors. » ou encore que ça « bastonne ».
Le vent fatigue, refroidit le corps et déforme la portée des
sons. Il peut également déséquilibrer et effrayer. Si le vent peut passionner
le kayakiste à la recherche de stratégies de navigation, pour d'autres ce sera
la galère. Le calvaire de l’expert sera peut-être alors de remorquer les
débutants à la dérive.
Le vent est tellement influent qu'il pousse la mer créant
ainsi des vagues. S'il s'associe à la marée, il peut amener la marée haute ½
heure plus tôt que prévu et encore plus de hauteur d'eau. C’est ce qui arrive
dans les cas extrêmes quand Météo France annonce un avis de submersion du
littoral. Dans le cas ou il s'oppose à la marée, il peut la retarder et
diminuer sa hauteur.
Si les vents forts sont faciles à ressentir, les plus doux
peuvent aussi influencer la navigation et doivent être détectés. Dans le
paysage il possible de voir la direction et la force du vent grâce à
l'orientation des drapeaux qui, quand ils sont bien flottants signifient qu'il
y a au moins trois Beauforts. En l’absence de courant, les bateaux au mouillage
se rangent face au vent.
Attention, les nuages d’altitude vont indiquer une tendance
globale des mouvements atmosphériques, mais pas forcément ce que l’on rencontre
au niveau de l’eau.
Si les tendances météo annoncent le vent global, au niveau
local peuvent s’associer des brises qui ne sont pas recensées dans les
bulletins.
Pour les connaître, il vaut mieux s'informer sur place de
leur importance et rester attentif.
Phénomènes de
convection
Ces phénomènes locaux peuvent être aussi modifiés par les
reliefs. Certains peuvent couvrir quelques hectares, d’autres prennent une
place beaucoup plus importante. Sur les côtes méditerranéennes ces vents sont
baptisés tramontane, libeccio ou mistral.
Les brises thermiques : Sur un site terrestre proche de
l’eau où il fait très chaud, un système thermique de vent que l'on appelle
«brise de mer» va s’installer. Au dessus du sol surchauffé, l’air s’élève par
convection remplacé par de l’air plus frais venant de la mer et attiré par la
dépression ainsi créée.
En soirée le sol refroidit plus vite que l’eau et le système
s’inverse. L’air va alors se déplacer de la terre vers la mer, c’est la brise
de terre.
Remarques
D'autres brises peuvent avoir une source plus lointaine
formant un courant d'air créé par une orientation de vent dépressionnaire qui
s'engouffre entre des reliefs. (Typique du littoral corse présentant une
aérologie maritime sur la côte « au vent » et une aérologie de montagne pour la
côte « sous le vent »).
Parfois de façon plus instantanée le passage d'un nuage ou
une falaise ensoleillée peuvent modifier le régime du vent.
Les brises thermiques voisines peuvent se compléter ou se
contrarier, tout comme elles peuvent se combiner avec le vent atmosphérique.
La tendance est à
l'orage...
fréquent l'été entre mai et septembre, mieux vaut rester naviguer
à l’abri s’il est annoncé Il fait beau ? Ne parions pas sur un bulletin erroné
ou un micro climat ou que l'information concerne une autre région.
Que se passe-t-il sur l'eau, avec notre pagaie qui dépasse
au-dessus de notre tête ?
Si l’on est pris, vaut mieux se faire petit et s'abriter dès
que c’est possible car il peut aussi y avoir des sacrés coups de vent.
Ce qui est sûr, c'est que l'on ne risque pas de s'abriter
sous un arbre !
-«Alors ta sortie à Belle île, s’est passée comment avec
l’avis d’orage?»
- «ben heu ! Mes copains veulent plus partir en rando K mer
avec moi !»
Les ouvrages
artificiels
Des zones à risques voir dangereuses que l'on ne soupçonne
pas.
Si les ports et les aménagements sont destinés à favoriser
la pratique des activités en mer, ils réservent parfois des surprises pas
toujours favorables et des plus déplaisantes. En dehors des odeurs de fioul ou
de la présence de nappes d’huile sur l’eau, voire de dépotoirs peu ragoûtants,
de nombreux sites peuvent être dangereux s’ils sont mal approchés.
Certains pontons arrimés sur l’eau et en travers du courant
peuvent être de véritables pièges. Si un rocher une digue dévie les filets
d'eau, les pontons placés dans le courant le laissent passer en dessous. Alors
un kayakiste qui passe trop près peut se faire drosser contre eux. Être bloqué
contre un obstacle, le bateau perpendiculaire au courant, est une situation à
risque que les kayakistes de rivière nomment « être en cravate ». Un dessalage
est possible car le courant appuie sur le coté de l’embarcation. Dans ce cas le
nageur risque de passer sous la structure en étant emporté par le courant. Les
premiers problèmes sont les chocs à la tête avec les flotteurs et le second est
de rester coincé sous l’eau contre les câbles d’arrimage qui sont au-dessous.
Et le kayak restera coincé contre l’obstacle, voir en dessous s’il se remplit
d’eau.
Le risque est d’autant plus grand quand l’obstacle se trouve
en travers d’un courant dans un estuaire ou un bief car la vitesse de l’eau
peut être très importante à certain moment de la marée.
Les bateaux stationnés le long des quais et ceux au
mouillage sont des zones à risque potentiel. Les bateaux mouillés et fixés à
l’avant et à l’arrière sont alignés les vents dominants. Quand le vent n’est
pas orienté dans sa dominance, les risques de collision doivent être évalués.
Si les risques corporels sont minimes en traversant des
parcs d’élevages conchylicoles, les risques de dégradations sont forts à marée
basse.
Plus fréquent, les bouées qui forment le chenal sont, là
aussi, favorables à un coincement en cravate quand elles sont dans le courant.
Sur les espaces à fort courants il faudra également se méfier des lignes de
bouées qui servent à briser le courant.
En règle générale, tout ce qui est fixe dans le courant et
ne faisant pas dévier les filets d’eau sont des obstacles délicats à aborder
avec prudence. Les règles d’abordage des obstacles qui sont dans le courant
seront abordées de la même façon qu’en eau vive
Un autre risque c'est de se faire pêcher par un pêcheur
impatient embusqué dans les rochers !
La végétation sur les
rochers
Il est très facile de remarquer des bandes horizontales de
couleur sur les rochers. Elles forment l’estran, étage étroit entre les mondes
terrestre et marin. En haut il y a les lichens et en bas il y a les algues. Ces
dernières contribuent à plus de 50% du renouvellement de l’oxygène par
photosynthèse comme les forêts sur terre Si elles sont toute rabougries à marée
basse, elles flottent dans l’eau et se font battre par le ressac à marée haute.
Celles qui ont un profil vertical pour aller chercher la lumière réussissent
tout ça grâce à leurs poches remplie d’azote faisant office de flotteurs.
De bas en haut :
Au-dessous de l’estran la vie suit son cours, elle va être
laissée à ceux qui la visitent(les plongeurs et les poissons).
Au plus bas de l’estran, on trouve l’étage infra-littoral
qui se découvre seulement aux grandes marées. Comme celui-ci reçoit le moins de
lumière, il sera réservé à certains types de végétation.
En bas, l’étage
méridional inférieur accueille des espèces spécifiques. Sur les versants
exposés à la battue du ressac, on rencontre les laminaires Alaria (de couleur
brune) et les spaghettis de mer. Sur les versants abrités pousse un autre
laminaire moins charnu et gondolé dit « grand laminaire ». Celles-ci sont
comestibles. Même crue ces algues peuvent être goûtées par les curieux, elles
ont un petit goût de haricot et peuvent amuser les passants (à consommer avec
intelligence).
Plus haut et plutôt au-dessous de la mi-marée, il y a sur
les surfaces battue la Palmarie qui est rouge brune et qui a une mine
desséchée. On trouve aussi le lichen de mer qui forme de petits bouquets rouges
et frisés. Du coté abrité, le fucus serratus ou le varech plutôt vert foncé avec
peu de flotteurs servira souvent à entretenir les fameuses bataille d’algues
Toujours plus haut, soit au-dessus de la mi-marée, il n’y a
pas beaucoup d’algues sur le coté battu car justement c’est un peu trop battu
pour elles. Celles présentes sont petites. Sous abri, la végétation est très
dense avec des longues algues plutôt aplaties ayant de gros flotteurs qui sont
les ascophylles noueux. Les plus vertes sont aussi de la famille des fucus mais
cette espèce est dite « vésiculeux ». (Ou varech quand on y connaît rien !..)
Plus haut sur l’étage méridional supérieur les algues sont
courtes car elles offrent moins de résistance à la houle.
Au dessus de l’estran les lichens forment eux aussi des
bandes. En mode battu, ils sont plutôt crépus et de couleur brune à noir. En
mode abrité, ils sont incrustés aux rochers avec une couleur jaune pour
certains et noir pour d’autres. Cela est souvent confondu avec des traces de
marée noire.
Dans le cas où votre étude des algues se fait emporter dans
une bataille, il faut veiller à ce qu’à leur pied il ne reste pas de cailloux,
car ça fait mal au moment où elles atterrissent sur les têtes. Et de plus il
est préférable de jouer avec celles qui ont été arrachées par la houle, c’est
plus moral !
La vie animale
au-dessus de l’eau et au-dessous
Si elle est plutôt abondantes les six groupes principaux
rencontrés sont, de bas en haut :
Les animaux à corps mou qui vivent sur ou dans le sol (vers,
larves, puces,… ), les coquillages, les crustacés, les poissons, les oiseaux,
et les monstres de la mer.
Nombre d’oiseaux sont migrateurs, en juillet l’ornithologue
amateur observant la vie qui est devant lui en Bretagne risque d’en rater pas
mal. De plus certains sont au large ou dessous de l’eau. Pour savoir
différencier un sterne d’une mouette, une crevette grise d’une crevette rose,
une patelle d’une huître, une anémone, d’une fiente et d’une gouèlle, certains
guides de kayak de mer ont des connaissances et peuvent si les circonstances le
permettent vous faire découvrir leur littoral à leur façon. Vous faire guider
même si vous maîtrisez le kayak de mer peut être une bonne idée car chaque
rencontre peut changer notre histoire !
Notion de plage à
surf.
Les belles plages à surf sont plutôt avancées dans l'océan,
elles doivent pouvoir recevoir un fetch assez long amenant directement de
belles vagues non déformées. En plus si le système de fond de rivage est
constitué de baïnes alors ça sera plus facile de remonter.
Comme les plages idéales sont rares, il faudra en trouver
qui proposent des conditions suffisantes :
Il faut que la plage reçoive une diffraction qui seconde la
houle principale et en être assez proche, donc la plage doit être assez avancée
dans l’océan. Si la plage est située dans un abri, les vagues sont trop
rapprochées des unes des autres. Les bateaux longs et peu gironnés peuvent
avoir des difficultés à évoluer car l’avant accroche trop l’eau.
Si la plage est assez plate, il faut que les vagues liées se
constituent loin du bord.
Parfois le surfeur n’a pas trop le choix. Il faut savoir
filer sur la côte juste après le p’tit dej ou un samedi après midi avant
d’aller en concert.
–« t’as pas oublié que t’as des devoir aussi ? »
–« oui, oui je serai rasé pour lundi !
Si la plage est en retrait par apport à la houle et que ce
n’est pas l’Afrique du sud, pour pouvoir glisser un peu, il faudra un vent
soutenu pour envoyer les vagues dans le trou. Mais s’il n’y a pas un rocher en
dessous pour lever la vague ça risque aussi d’être un flop. Le pire c’est qu’il
est très probable que du shore break de lève et il faudra alors improviser.
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